« Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, je lui donnerai une pierre blanche, et, gravé sur la pierre, un nom nouveau que personne ne connaît sinon qui le reçoit. »
Apo. 2, v.17
lapidem quem reprobaverunt aedificantes hic factus est in caput anguli
On dit la Maçonnerie de Marque très ancienne, beaucoup plus, même que le Rite de Style Emulation sur lequel elle vient se greffer. Un procès-verbal de Tenue de Maîtres Maçons de Marque daté de 1642 repose aux archives de la Loge de Kilwinning. Cependant, il convient de rester prudent car ce texte tout autant que la plupart des anciens documents qui sont parvenus jusqu'à nos jours, parlent de marques de compagnons, de signes d'ouvriers comparables à des signatures, mais aucun ne donne quelque information que ce soit sur ce qui pourrait être plus convenu de nommer "Grade de la Pierre de Faîte". Alors la question reste de savoir si le thésaurus qui s'y rattache est un rajout à la pratique des deux premiers degrés ou bien un parcours maçonnique dans sa complétude.
Cette Maçonnerie, dont la seule origine certaine est qu'elle vient des Amériques et particulièrement de l'actuelle province du Québec, s'est répandue en Irlande et en Angleterre, pays dans lequel elle s'est constituée en Grande Loge de Marque en 1856, laquelle est toujours en activité aujourd'hui.
Ce degré est une continuation de l'ancien grade opératif de Compagnon (à l'origine, le grade de Compagnon était le dernier degré initiatique, l'appellation de Maître étant réservée uniquement au Maître ou Vénérable qui présidait la Loge). Son enseignement met l'accent sur la fameuse « pierre angulaire » rejetée par les bâtisseurs et qui est devenue la pierre d'angle maîtresse de l'œuvre. Sur cette pierre qui n'est autre que la clé de voûte de l'édifice, le Mark Mason inscrit sa « marque ».
La cérémonie de réception d'un nouveau Maître maçon au sein d'une Loge de Maîtres Maçons de Marque présente aujourd'hui, la particularité de regrouper deux anciens rites, celui d'Homme de Marque (Mark Man) et celui de Maître de Marque (Mark Master Mason). Les rituels anciens ont souvent été remaniés, mais ils conservent encore un certain nombres d'éléments que l'on pourrait qualifier d'explicatif quant au déroulement particulier des cérémonies de Loges bleues de différents rites.
De nos jours, lorsque les membres d'une loge de marque se sont assurés que leur candidat pour le Degré De marque a atteint le statut de Maître Maçon d'une Loge bleue, on lui donnera connaissance de l'antiquité de la pratique qu'il va être amené à connaître. La coutume ancienne veut qu'un Compagnon tailleur de pierre soit invité à choisir une Marque qui lui sera propre et qu'il gardera toujours come sa signature personnelle. Cette marque devra être différente de toutes autres employées par les membres de la Loge, de telle manière que son travail puisse être reconnu comme siens par les officiers que l'on nomme Inspecteurs. On l'informera aussi que c'est cette marque qu'il devra présenter au guichet tenu par le Premier Surveillant, à l'Ouest de la Loge, là où il percevra son salaire d'Homme de Marque
S'il constate qu'il n'a reçu aucune marque distinctive de sa Loge bleue comme c'est, bien entendu, le cas pour les Loges Ecossaise, il se rendra auprès du Gardien du Registre de Marque et déposera sa marque distinctive dans le Livre. Elle sera alors présentée au Vénérable Maître afin de recevoir son approbation. Durant les cérémonies modernes de la Marque, cette partie de la réception qui confère le statut d'Homme de Marque est souvent exécutée trop promptement et nous oublions tout aussi souvent de quelle manière le Vénérable Maître accueille le nouveau Compagnon : « J'admire le savoir faire dont vous faites preuve à l'exécution de votre travail et c'est la raison pour laquelle je vous nomme Homme de Marque et vous confie la marque qui confirmera votre statut et vous permettra de recevoir votre salaire. » Cette distinction confère à celui qui est déjà Maître Maçon, la reconnaissance de ses qualités. Elle ne lui permet pas de disposer de poste ou de fonction particulière au sein de la Loge Bleue, néanmoins, à l'origine, à l'époque où les distinctions de métier pouvaient être regardées comme des avancement, le fait d'être reconnu et de disposer d'une marque, offrait un avantage certain en matière de rémunération. Cette distinction, aujourd'hui ne représente pas plus que le fait de recevoir un nouveau maître dans un cadre intermédiaire, une nouvelle étape maçonnique, c'est la raison pour laquelle le rituel relatif à l'accession au grade d'Homme de Marque s'effectue, aujourd'hui, dans la même cérémonie que l'élévation à l'honorable degré de Maître de Marque. Ce mode de réception est l'héritage de l'ancienne forme de la maçonnerie de la Marque et le fait de garder intacte une partie de la rituélie concernant l'élévation au gage tout autant que la gestuelle du guichet se présente comme une explication des termes de la clôture des travaux des Loge Bleues. A savoir que les Frères reçoivent leur salaire au pied de la Colonne du midi et qu'ils en retirent profit et joie. On peut, d'ailleurs constater l'illustration de ces propos sur les anciens tableaux de Loge de Maître Maçons de Marque sur lesquels ont peut observer l'illustration des deux degré composant la marque, à savoir le guichet où l'Homme de Marque vient percevoir son salaire et les trois pierres taillées du Maître de marque avec la référence aux outils correspondants et aux mots de passe.
Un tailleur de pierre qui recevait sa marque personnelle, se voyait qualifié d'artisan, voire de Maître ou de Compagnon (ce qui était le plus fréquent) de métier. Le Maçon de cette catégorie, c'est-à-dire, doté d'une certaine indépendance, n'appartenait plus, en tant que tel à la Loge mais devenait un maçon libre qui voyageait de Loge en Loge. On reconnaît là, encore une fois une tradition des maçons de Loges bleues dans lesquelles les Compagnons doivent voyager afin de parfaire leurs connaissances en l'art de maçonnerie. Cette étape pratique vers l'indépendance du maçon, sa qualité de « maçon libre » est probablement l'une des raisons qui présida à sa conservation durant les années 1750, à l'époque de la refondation du degré de Mark Master par Thomas Dunkerley, comme d'un usage très ancien. Cette pratique de l'Homme de Marque est assez déterminante dans l'histoire de la franc-maçonnerie dans la mesure où ce degré fait directement référence au grade de Compagnon. Cette référence directe et son adjonction à un nouveau degré de Maître permet de comprendre pourquoi il ne s'agit pas d'un « Haut Grade » en tant que tel, mais bien d'une voie parallèle, un Side Degree dont les enseignements viendraient compléter celui des Loges Bleues. En donnant une marque propre à chaque compagnon, on finissait son parcours et l'introduisait dans une fonction complémentaire, une progression de métier qui confirmait son savoir faire sans pour autant lui conférer le grade de Maître. Ils pouvaient néanmoins signer leur ouvrage et c'est pourquoi on ne les nommait plus Compagnons, mais « Compagnons marqués » ou Hommes de Marque.
Les Loges bleues terminent leurs travaux sur la remise du salaire et cet instant particulier, en référence à l'Apocalypse de Saint jean, détermine de qui doit le recevoir et de qui doit le donner car il est dit :« je lui donnerai une pierre blanche, et, gravé sur la pierre, un nom nouveau que personne ne connaît sinon qui le reçoit. », ainsi, le Vénérable demandera au Premier Surveillant de s'assurer que les travaux sont fermés et chacun passera devant la Colonne, les Apprentis, ne reçoivent pas de Salaire, les Maître les donne. « J'ai constaté, Vénérable Maître, que les Compagnons se déclarent satisfaits. » Néanmoins, comme je l'ai dit, cette qualification donnait à l'homme de marque un statut particulier assez différent de celui de simple compagnon. En effet, l'élévation comportait le récit d'un mythe propre au grade. Le matin du jour où fut posée la pierre de fondation du Temple de Jérusalem, sous la présidence du Roi Salomon, une pierre précieuse tomba accidentellement de la couronne royale. Elle fut trouvée et ramassée par le Premier Maître de l'Ordre des Hommes de la Marque qui la rendit au roi qui la replaça sur son front. Cette pierre précieuse portait le nom Imprononçable que l'on suppose ainsi avoir été marqué sur la couronne royale, comme il avait déjà été gravé sur la mitre du Grand Prêtre Aaron
« Tu feras une fleur d'or pur et tu y graveras en intaille, comme un sceau : Consacré à Jehovah ; » Exode, 28 ; 36 »
Ensuite, lors de la construction du Temple de Salomon, une pierre d'angle eut été aillée par un apprenti très doué, mais elle fut dérobée par des Compagnons jaloux.
On demande au candidat de la rechercher il la retrouve et il constate qu'elle porte, gravé, le nom Imprononçable. Nous ne sommes pas encore dans le développement d'une symbolique d'équilibre de construction mais, on voit bien, ici, la relation avec le joyau tombé de la Couronne de Salomon, mais aussi du Nom caché gravé sur la pierre blanche de l'Apocalypse tout autant que l'identification du joyau frontal de Salomon avec la pierre de voûte qui soutient l'édifice et qui sera la clef du récit mythique des Maîtres de Marque. Il ne nous aura pas échappé que certains rites de Loges Bleues précisent, dans le psychodrame du troisième Grade, qu'un bijou reposait sur le corps d'Hiram, bijou sur lequel était gravé le Nom.
Bref, on peut se demander si, au XVIIIème siècle, avant que le développement anarchique des Hauts Grades n'emporte les détails de la Légende vers des horizons parfois abscons et dont le nombre et les relations restent encore aujourd'hui impossibles à déterminer, un système en relation avec l'ancienne maçonnerie de métier n'avait pas été mis en place sous la forme de deux étapes complémentaires au compagnonnage et à la Maîtrise.
Aujourd'hui nous avons réduit ces cérémonies en une seule mais son développement se déroule encore par étape de l'Homme au Maître sans que soit perdue les particularités qui offrent les clefs des Loges bleues.
SOURCE: http://truthlurker.over-blog.com/article-26503118.html
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